La perversion du bien…

 

Il est toujours dangereux de légiférer sur des questions de conscience. Cette liberté n’a pas de prix. Sans elle, il n’est pas de démocratie, ni même de véritable État de droit. Si la République en est réduite à se défendre en interdisant un vêtement, elle fait preuve d’une bien grande fragilité. Dans quel état se trouve la laïcité si elle ne tolère plus que certains de ses membres arborent des signes qui expriment pacifiquement leur appartenance confessionnelle ? Que ce voile soit imposé ou non par le milieu, que ces jeunes filles aient tort ou raison, peu importe : la laïcité s’empêtre dans un morceau de tissu.


Il serait grave, à moins de vouloir ressusciter de vieux démons que l’on croyait éteints, qu’au nom de la laïcité le législateur manque à ce point de sûreté de soi et, par suite, de tolérance. Si la laïcité n’est pas d’abord le respect des croyances et de leur expression personnelle, que devient-elle : une gendarmerie des consciences, un conformisme des mœurs et de la pensée ? Interdire le port de signes religieux, c’est prendre le risque d’instituer une forme de délit d’opinion religieuse. Au nom de qui, de quoi, et dans quel dessein ?


C’est souvent au nom des grands principes, pris dans l’absolu, que les pires fautes sont commises. Les deux derniers siècles ont suffisamment montré où conduisait cette perversion du bien.

 

Fondation de Service Politique, 83 rue St Dominique F75007 Paris.

 

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